Ce qu’il faut retenir du Mid-America Trucking Show
Le 23 avril 2024
Le Mid-America Trucking Show (MATS) – Selon un bon nombre de personnes à qui j’ai parlé, l’événement était moins gros que l’an dernier, mais détrompez-vous. Si vous y êtes déjà allé, vous savez que l’expo est absolument gigantesque. Il y a tout un éventail de fournisseurs, de nourriture, de participants et de divertissements; c’était un vrai tourbillon. Alors, qu’est-ce qui reliait le tout? Bon, c’est clair que c’est un salon de camionnage. Mais il y avait quelque chose d’autre juste en dessous de la surface, et je vais appeler ça Dale, Kevin et Dean.
Dale
Au milieu de la session de jeudi, un gars est venu à notre kiosque – je vais l’appeler Dale (pas son vrai nom). Cela faisant 30 ans qu’il était camionneur et il visitait le MATS depuis encore plus longtemps. Il a mentionné qu’il y était venu avec son père, camionneur lui aussi, mais retraité.
J’ai appris que Dale privilégiait Petes, mais qu’avant cela il roulait avec un Freightliner qui, entièrement chargé, battait le Kenworth de son père au sommet d’une montagne, même quand le Kenworth était vide. Il m’a dit qu’il comprenait comment les gens se sentaient face aux moteurs Volvo, mais que rien n’arrivait à la cheville d’un Détroit 6. Nous avons jasé comme ça pendant 20 minutes, puis son père était prêt à partir et ils se sont éloignés.
Une session d’après-midi
L’une des raisons pour lesquelles vous étions au salon était pour animer une session éducative sur le programme Les flottes les plus en vue (mieux connu en anglais sous Best Fleets to Drive For). Jeudi après-midi, Mark Murrel (son vrai nom) et moi-même sommes montés sur la scène et avons présenté certaines de nos conclusions sur la compétition de cette année. Beaucoup de données et de tendances très intéressantes en sont ressorties, mais l’un des éléments à retenir fut la perception des conducteurs sur la communication et la manière dont les entreprises gèrent (ou non) l'information et la rétroaction avec eux. En fait, cette tendance n’était pas particulière à cette année.
Après la session, quelques personnes nous ont interpellés, dont deux d’entre elles qui provenaient d’une petite entreprise du Kentucky (un conducteur et un gestionnaire). Ce qui les intéressait en particulier était que le sondage destiné aux camionneurs dans le cadre de la compétition était anonyme. Ils étaient bien heureux de savoir ce que les camionneurs pensaient vraiment.
Kevin
De retour au salon d’exposition, un gars nommé Kevin (pas son vrai nom) est venu nous voir et nous a parlé très franchement sur ce qu’il croyait être le pire problème de l’industrie : personne n’écoute les camionneurs. Il nous a mentionné 5 choses que les entreprises pourraient faire pour faciliter la vie de leurs conducteurs et les rendre plus efficaces, mais personne ne s’en occupe.
Kevin savait pertinemment que nous ne faisions pas partie de l’ATA, ni des décideurs politiques du Congrès américain. Il voulait simplement mentionner à quelqu’un, à n’importe qui, ce problème très simple, et pourtant omniprésent, dans l’industrie.
Dean
Le vendredi matin, à MATS, j’ai eu la chance de participer à l’émission de Dave Nemo, en direct de Louisville, précisément en raison du salon commercial. J’ai eu l’occasion de parler un peu plus des conclusions de notre programme des flottes les plus en vue, et en m’asseyant autour de la table aux côtés de Dave Nemo, Jimmy Mack, Lyndsay Lawlor et Dean Crock (tous leurs vrais noms), j’ai mentionné que l’un des secrets des entreprises qui réussissent le mieux consiste en leur capacité à exploiter les connaissances de leurs conducteurs pour renseigner et améliorer différents processus et programmes au sein de leur organisation.
Tout à coup, ils se sont tous tournés vers Dean, assis à ma gauche. Apparemment, 30 minutes plus tôt, avant que j’arrive, il parlait exactement de la même chose; c’est-à-dire de la nécessité et de l’importance d’écouter vos conducteurs, et que toute cette information aurait des effets très positifs partout dans l’entreprise.
Ce à quoi je veux en venir c’est que deux choses se passaient en même temps au salon. D’une part, le fait de savoir qu’il faut écouter les conducteurs (tant parce qu’ils y ont droit qu’en qualité de source d’information pour améliorer les affaires). Comme les gars qui nous ont approchés après la session éducative, ce dont Dean parlait, et aussi ce que font beaucoup d’entreprises du programme des flottes les plus en vue. D’ailleurs, ce n’est pas nouveau et ce n’est pas sorcier non plus.
D’autre part, le fait qu’être à leur écoute ne soit pas mis à l’action à bien d’autres endroits. Les conducteurs vivent cela depuis longtemps, ce qui signifie qu’il n’y a pas assez d’entreprises le font. Vous n’avez qu’à demander à Kevin.
Alors, comment combler le fossé? Une entreprise peut recueillir de bonnes infos et des conseils précieux de la part de leurs conducteurs par plusieurs moyens. Elles peuvent créer un conseil consultatif de chauffeurs, récolter de la rétroaction régulièrement par l’entremise de sondages, ou créer une page Facebook privée sur laquelle les conducteurs peuvent dire ce qu’il pensent vraiment. Mais, ça, ce n’est qu’un début. En effet, pour que vos camionneurs se sentent écoutés, ils auront besoin d’une indication quelconque que vous vous servirez à bien des renseignements qu’ils ont partagés. Vous devrez fermer la boucle de la communication en donnant suite à ce qu'ils vous disent par des mises à jour régulières, même si parfois vous devrez leur avouer qu’ils n’obtiendront pas ce qu’ils réclament parce que cela entre en conflit avec des décisions plus générales. Quelle que soit la réponse, une écoute active implique que vous démontriez à votre interlocuteur que vous faites quelque chose avec les informations qu’ils vous donnent, même s’il s’agit d’une simple reconnaissance de leurs propos.
Revenons-en à Dale
Pendant que Dale et moi discutions, il a mentionné que son père vieillissait et que c’était peut-être sa dernière chance de venir au MATS. Et c’est là que l’importance du salon m’a frappé. Bien entendu, il y a beaucoup de trucs vraiment cool. Mais c’est aussi un endroit où on a la chance d’être écouté, même si ce n’est que pendant quelques instants. C’est peut-être une question du temps de retenue, ou du fait que personne ne pense à apprendre aux conducteurs à gérer les derniers mètres d'un parcours – ou peut-être simplement de découvrir l'aptitude de ce vieux Freightliner à gravir une montagne.