Évaluer les cours de formation
Mark Murrell
Le 13 novembre 2019
En plus de créer notre propre bibliothèque de contenus pour la formation, on nous demande souvent de réviser des cours produits par d’autres personnes. Cela peut provenir de clients, de partenaires actuels et éventuels, ou encore d’autres entreprises qui produisent de l’apprentissage en ligne; mais avec la prolifération des outils-auteurs commerciaux à cet effet, cela arrive de plus en plus souvent. Dans les derniers mois, environ une demi-douzaine de personnes m’ont demandé de réviser leur matériel. Parfois, le matériel est assez faible, mais il arrive que ce soit vraiment solide. Il y a toutes sortes de niveaux de qualité, mais cela ne prend que quelques minutes pour déterminer si un certain cours a sa place sur cet intervalle.
Puisque beaucoup d’entre vous ont aussi l’occasion de passer en revue du matériel de formation, et peut-être en produisez-vous aussi, j’ai voulu prendre un peu de temps pour discuter des principaux éléments que je remarque, et pourquoi ils me sautent aux yeux immédiatement.
La structure
Lorsque je me lance dans un cours en ligne produit par quelqu’un d’autre, la première chose que je remarque, c’est la structure globale. Pas le style des gabarits ni les couleurs, car la plupart sont maintenant normalisés, mais deux éléments qui sont à la base de la conception pédagogique – la navigation et les objectifs.
La navigation présente les points de repère de l’enseignement en question, elle indique la trajectoire du cours et comment vous la suivrez. En plus des boutons de contrôle comme la touche de lecture et celle de pause, la navigation doit vous donner des renseignements de base comme la longueur du cours, le nombre de leçons incluses et ce à quoi s’attendre en le suivant. En qualité de participant, cette information me donne une idée générale du cadre du cours, une sorte de charpente à laquelle je peux rattacher les concepts que j’apprends.
Une fois que le cadre est clair, les objectifs d’apprentissage le complètent en m’indiquant ce que je vais en tirer. À savoir si les objectifs sont bien rédigés et mesurables, il s’agit d’un autre sujet (nous avons d’ailleurs un webinaire qui passe beaucoup de temps là-dessus), mais leur seule présence est importante. Sans eux, je n’ai aucune idée où je m’en vais.
Cela semble peut-être simple, mais ces deux éléments sont des points de départ essentiels. Imaginez-vous franchir le seuil d’une salle de cours sans savoir combien de temps vous y serez ou ce que vous allez apprendre. Vous n’y entreriez même pas. C’est la même chose pour l’apprentissage en ligne. Vous avez besoin de savoir ce que vous allez en retirer et combien de temps cela prendra; donc si le cours est muet à ce sujet, ça part mal.
Le son
Une bonne partie du matériel d’apprentissage en ligne que je révise maintenant est doté d’une narration audio, ce qui est fantastique. La piste audio complète le texte et les autres éléments, s’adaptant ainsi à davantage de styles d’apprentissage et offrant une expérience didactique enrichie.
Mais seulement si c’est bien exécuté.
Si on fait appel à des narrateurs professionnels, le résultat est presque toujours réussi. Cependant, beaucoup de gens qui produisent du contenu pour l’apprentissage en ligne n’ont pas le budget pour embaucher des artistes vocaux, alors ils font cela à l’interne. Parfois, ça s’entend immédiatement, mais il existe quelques trucs pour produire un son plus professionnel.
Lire le matériel
En plus de lire d’un ton clair et constant, les bons artistes vocaux ont aussi quelques techniques pour rendre un scénario intéressant à écouter. Heureusement, quiconque enregistre sa propre voix hors champ peut les reproduire :
- Prononcer davantage les consonnes par rapport à une conversation normale.
- Lire le scénario en entier et le répéter jusqu’à ce que la lecture soit fluide, avec les intonations appropriées, et à un rythme de conversation.
Ces deux techniques sont étranges au début, mais avec le temps cela devient plus naturel. Et cela fait toute une différence pour la qualité du produit final.
Les cours dotés d’une narration sûre et claire, produite à un rythme soutenu et dotée d’une bonne intonation, sont BEAUCOUP plus agréables à suivre et efficaces.
Un enregistrement net
Bien entendu, cet excellent scénario doit aussi être bien enregistré, sinon je serai constamment distrait. C’est un autre avantage que les professionnels ont, mais les amateurs peuvent profiter du même atout sans avoir à débourser trop d’argent.
Ce qui nuit le plus à la qualité d’un enregistrement, c’est l’écho produit dans une pièce où les murs sont durs. Quand les gens font cela, les ondes acoustiques provenant de leur bouche rebondissent autour de la pièce avant d’être perçues par le microphone, ce qui produit un son de « ca-canne » tellement désagréable. On peut facilement y remédier en accrochant des serviettes ou des couvertures aux murs à côté du narrateur et/ou derrière lui.
Certaines personnes sont au courant, d’autres pas. J’ai peut-être l’air particulièrement capricieux, mais s’il faut s’asseoir pendant 40, 60 ou même 90 minutes et écouter cette narration pendant tout un cours, cela devrait être plaisant et non une punition.
Lorsque des cours sont pourvus d’une narration qui sonne bien, je le remarque immédiatement. Comme la fameuse clause des M&M bruns, c’est un bon indicateur du degré de minutie que l’on a accordé au produit.
Les images
Cet élément comporte deux sous-sections qui m’en disent long sur la qualité d’un cours, et on les retrouve souvent sur la première ou la deuxième diapo. (D’ailleurs, si je ne vois pas d’images sur les premières diapos et que je dois fouiller plus loin pour les trouver, c’est toujours un mauvais signe.) Voici les simples facteurs que je considère lorsque je regarde des images dans un cours :
- Est-ce qu’il s’agit des bonnes images?
- Leur réserve-t-on le bon traitement?
La bonne image
Déterminer si une certaine image est pertinente au contenu peut sembler compliqué, mais c’est en fait très simple – l’image a-t-elle un rapport avec le contenu discuté? Si oui, m’aide-t-elle à comprendre ce contenu?
Ce qui est étonnant, c’est que la plupart du temps, la réponse à la première question est non – l’image en question n’a rien à voir avec le contenu. Cela arrive lorsque le développeur du cours ajoute une image qu’en guise d’élément visuel sur la page, sans vraiment se demander s’il s’agit de la BONNE, compte tenu du contexte. Si vous voyez une photo de banques d’images affichant des sourires fendus jusqu’aux oreilles, des clichés génériques ou des paysages aléatoires, c’est une image inutile.
D’un autre côté, si l’image est liée au contenu, il faut se demander si elle aide à mieux assimiler la matière ou non (en fournissant une représentation visuelle du texte ou de la narration). Je ne suis pas trop strict dans ce cas-là, car différents concepteurs se servent de différentes approches, mais de toute façon je ne me rends pas souvent si loin.
Le bon traitement
Ce que j’entends par le bon traitement de l’image, c’est sa taille, sa résolution et aucune déformation. Cela signifie aussi qu’elle ne bloque pas le reste du contenu, qu’elle ne dépasse pas les marges de la diapo, qu’elle est bien centrée, qu’on voit bien où elle commence et où elle se termine, et d’autres trucs du genre. Il existe des considérations techniques concernant le choix des couleurs, mais même sans s’y attarder, il est facile de voir si l’image est d’une qualité décente et bien placée sur la page.
Tout comme dans le cas de la narration, si je vois des images de bonne qualité qui appuient et enrichissent le contenu, j’en ai long à dire sur la qualité du cours.
Ce ne sont là que les choses les plus frappantes que je remarque lorsque j’évalue un cours. Il y en a beaucoup plus à considérer lors d’une révision rigoureuse, mais j’ai découvert que regarder ces éléments en particulier me donne une très bonne impression de la qualité globale du cours en question.
Vous avez sans doute remarqué que je n’ai pas du tout mentionné la qualité du contenu du cours en soi. Cela peut sembler étrange, mais si les autres éléments que j’ai mentionnés font défaut, le contenu importera peu. Si le cours est mal structuré, si les gens sont distraits par une mauvaise narration et que des images médiocres entravent le message, ils n’apprendront pas ce qu’il faut de toute façon.
Alors, la prochaine fois que vous révisez un cours en ligne (ou que vous en créez un) songez à ces éléments et à ce que vous remarquez. C’est étonnant à quel point vous pourrez distinguer un bon cours d’un mauvais.