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Homme au chapeau et gilet haute visibilité à côté du logo du conseil national des camions privés

Excès de vitesse, barbotines et occasions étonnantes

Il se passe toujours quelque chose d’agréable à ce congrès sur la sécurité. Entre les séances générales, les tables rondes et les approches créatives pour résoudre les problèmes des flottes, le groupe qui assiste au congrès sur la sécurité du NPTC (National Private Truck Council) à l’automne se penche d’emblée sur les enjeux et les examine sur tous leurs angles (comme je l’ai mentionné précédemment). L’une des caractéristiques qui revient tout le temps dans ces discussions, c’est une volonté de trouver des solutions provenant de plusieurs avenues, plutôt que de s’attaquer au problème de la même manière à chaque fois. Voici un exemple :

Barbotines

On m’a raconté une histoire à propos d’une flotte qui utilisait une appli énergétique fondée sur des données qui indique aux conducteurs quelles stations-service coûtent les moins chers sur leur route (et les y dirige par un lien dans leur appli géographique régulière). Dans un cas en particulier, on a découvert que, sur une certaine route, un conducteur évitait souvent une station-service recommandée, et se rendait plutôt à une autre qui coûtait jusqu’à 40 cents de plus. Précisons que ces deux stations-service étaient pratiquement de part et d’autre de la route en question. Mais, il continuait de choisir le carburant le plus cher. Pourquoi?

Parce qu’il adorait les barbotines vendues à cet endroit-là.

Pour certaines flottes, un conducteur qui ferait un tel choix se serait fait remonter les bretelles –, songez seulement aux économies manquées. Mais cette flotte s’y est prise d’une autre façon : elle lui a offert une carte-cadeau pour l’approvisionner en barbotines pendant un an. Elle lui a été remise à la condition qu’il fasse le plein à la station-service moins cher avant, et qu’ensuite, il traverse la rue pour acheter sa gâterie. Grâce à un investissement minime, la flotte a retenu un conducteur, a fait le bonheur de celui-ci, et maintenant elle profite d’une économie de milliers de dollars. Un problème coûteux a été réglé par une solution inattendue.

Collaboration

De façon plus générale, lorsque les gens se rassemblent au NPTC, il y règne un fervent désir de trouver et de partager différentes approches et pratiques exemplaires que j’ai rarement constaté à d’autres congrès. Lors des tables rondes, des entreprises concurrentes se demandent des trucs comme : « Comment en arrivez-vous à ces résultats? Avez-vous rencontré un tel problème auparavant? À qui devrais-je parler pour régler ça? » Il s’agit de personnes qui souhaitent seulement régler des problèmes et s’améliorer, plutôt que de tenter de devancer leurs concurrents en gardant tous leurs secrets. Bien entendu, ces gens ne partagent pas tout, mais ce qu’il faut retenir c’est qu’ils font preuve d’ouverture pour aider leurs collègues à régler des problèmes de manière inusitée.

Excès de vitesse

Parmi les séances générales, il y en avait une sur la réduction de l’excès de vitesse, mais en particulier, sur la façon dont une mauvaise approche (même bien intentionnée) peut avoir des résultats désastreux. Chez le premier employeur du conférencier, on tentait de contrôler la vitesse dans le cadre d’une initiative plus large en matière de sécurité, alors on a sorti le marteau. L’entreprise en question était fortement axée sur la réduction de la vitesse pour tout le monde, qu’il s’agisse de rouler à 40 dans une zone de 25 milles à l’heure, ou à 80 dans une zone de 60. Son approche lui donnait peu de souplesse de manœuvre, et les conducteurs étaient congédiés de tous bords tous côtés.

Le résultat? La vitesse a diminué, certes, mais les conducteurs étaient tellement terrifiés de venir travailler et de se faire congédier pour une seule infraction, qu’ils roulaient largement sous la limite de vitesse, à un tel point que dans certains cas, cela prenait presque deux fois plus de temps pour effectuer une livraison. La flotte a ralenti, oui, mais les répercussions se sont avérées désastreuses.

Chez le deuxième employeur du conférencier, ils ont mis en œuvre une autre tactique. Ils ont concentré leurs efforts sur les pires contrevenants (ceux qui roulaient au-dessus de 80 milles à l’heure). En resserrant l’étau seulement sur ces incidents et ces conducteurs, ils ont constaté un résultat intéressant : les excès de vitesse ont diminué dans toute l’entreprise, sans nuire au moral ni accuser de retards pour les livraisons, comme nous l’avons vu dans le premier exemple. Tout le monde s’est aperçu que l’entreprise prenait les excès de vitesse au sérieux, même si les infractions à des vitesses plus basses n’obtenaient pas la même attention que le club des 80 et plus.

Ce qu’il faut souligner ici, ce n’est pas la deuxième approche et les résultats qui en ont découlé. Je que j’ai trouvé le plus fascinant, c’est la volonté du conférencier d’exposer à quel point la première approche était mauvaise. Une analyse nous dit que le plan était bien réfléchi et exécuté, mais il a quand même échoué.

Et ce sont cette humilité et cette volonté de discuter honnêtement qui font que ce congrès fonctionne. Ce n’est pas qu’une question de ramasser des pratiques exemplaires ici et là, c’est aussi une question de partager les pires pratiques pour que tout le monde puisse tirer des leçons d’erreurs passées.

La National Private Truck Council's 2024 Safety Conference a eu lieu à Orlando, en Floride, du 4 au 6 septembre.