Ouvrez grand : c’est le temps d’un examen sur la sécurité des cargaisons
Le 5 février 2024
Vous vous réveillez un matin avec un mal de dents. Allez hop, chez le dentiste, et ce dernier vous informe que vous avez une carie. Maintenant, vous vous brossez les dents et passez la soie dentaire comme un déchaîné pour vous reprendre. Mais, dans le fond de votre conscience, vous savez très bien que si vous aviez fait cela régulièrement pendant toute l’année, vous auriez moins de problèmes aujourd’hui.
La sécurité des cargaisons ressemble pas mal à cela : chaque année, vers le temps des fêtes, de la Thanksgiving américaine à Noël, les voleurs et autres malfaiteurs amplifient leurs efforts pour trouver les failles dans votre entreprise (un peu comme une carie). Et chaque année, autour de la même date, de nombreuses publications discutent du besoin de vous protéger, comme ici et ici. Mais plutôt que d’y songer seulement le moment venu, si vous vous préoccupez de vos vulnérabilités à longueur d’année, vous saurez mieux vous défendre quand les bandits viendront frapper à votre porte. En fait, c’est le même principe que de se brosser les dents après chaque repas.
Dans un récent webinaire, les animateurs de CarriersEdge, Rick Duchalski et Mark Murrell, se sont entretenus avec Joe Palmer, vice-président principal et chef national de la pratique du transport chez Gallagher – une société d’assurance et de gestion des risques – pour discuter de la nature préventive du vol de cargaisons, tant qu’on gère ses propres aspects vulnérables.
Le temps de fêtes empire
Le temps des fêtes a toujours été une période active en matière de vol de cargaisons, mais M. Palmer souligne qu’en 2023, les taux de cambriolage étaient encore plus élevés que d’habitude, surtout en raison des conditions économiques. Mais ce n’est pas tout : les articles qui sont visés ne sont pas toujours ceux auxquels on pourrait s’attendre. « Les gens pensent souvent que ce sont les appareils électroniques qui sont le plus convoités, mais l’augmentation du prix des aliments a poussé la nourriture et les boissons au sommet du palmarès », fait remarquer M. Palmer. L’un des autres problèmes, poursuit-il, c’est que les conducteurs et les transporteurs baissent leurs gardes lorsqu’il s’agit de marchandises moins sexy. Les pistaches et le poulet ne semblent pas vraiment être des cibles de valeur; or elles le sont pour les voleurs, parce qu’ils s’attaquent à tout ce qui peut être revendu.
Et pour compliquer les choses, ce n’est pas que du vol physique dont il faut se méfier. En effet, le vol d’identité de transporteur peut être tout aussi problématique. Bien que certains cas de sous-traitance de transporteur (ou double brokering en bon français) impliquent la création d’une entreprise fictive, dans d’autres cas, les fraudeurs se font passer pour de véritables transporteurs, falsifiant les certificats d’assurance et autres identifiants. Mais, que vous soyez confronté à une menace de fraude ou à une menace physique, la prévention réside dans la conscience envers vos vulnérabilités et vous devez aussi vous assurer que les bons processus sont en place. Alors, regardons-les un à la fois.
Le vol physique
L’un des meilleurs moyens de vous protéger contre ce type de vol est de gérer vos risques. Du côté du transporteur, il y a des pratiques exemplaires de base, comme un contrôle serré des va-et-vient dans la cour, ainsi que de ne jamais laisser des remorques sans surveillance. « En gros, ça prend de bons protocoles et de bonnes procédures en place », mentionne M. Palmer, qu’il s’agisse de faire un repérage par GPS, du géoblocage et bien sûr, d’appareils de verrouillage tangibles. Mais le plus important relève du conducteur.
Former les camionneurs à demeurer en sécurité sur la route devrait inclure une planification de trajet minutieuse – surtout en ce qui concerne les relais routiers et les aires de repos fiables, par rapport à ceux qui ne le sont pas. Et bien que la conscience situationnelle d’un conducteur puisse aider dans beaucoup de situations, il y a souvent une chose qu’on oublie. « Ne publiez pas tous vos faits et gestes dans les médias sociaux », renchérit M. Palmer. Il arrive que les conducteurs mentionnent des renseignements nécessaires aux malfaiteurs, comme le type de marchandise qu’ils viennent de ramasser, où ils se rendent et quel trajet ils prennent, dans le seul but de participer aux conversations en ligne. Pire encore, ces chauffeurs indiquent à tout le monde qu’ils sont absents de la maison, et qu’ils n’y seront probablement pas pendant des semaines, jusqu’à la fin de leur périple! Si ces renseignements tombent entre les mauvaises mains, cela pourrait causer encore plus de douleur qu’un traitement de canal.
Alors, que faut-il retenir de tout ceci? Assurez-vous que vos conducteurs soient bien formés, qu’il sachent quoi surveiller, et qu’ils gardent à l’esprit les trois éléments suivants :
- Les trajets
Les conducteurs devraient choisir leurs parcours soigneusement. S’ils vont souvent aux mêmes endroits, ils devraient tâcher de varier leurs trajets, si c’est possible. S’ils prennent toujours le même et s’arrêtent aux mêmes endroits, cela peut faire d’eux une proie facile.
- Les lèvres décousues
Qu’ils se trouvent à un relais routier, sur leur radio ou, peu importe, les conducteurs ne devraient parler du contenu de leur charge à personne. Et surveillez ce qui se passe dans les médias sociaux. Facebook et les autres plateformes peuvent être très utiles à une entreprise, mais les lèvres décousues mettent les cargaisons à risque – n’en parlez tout simplement pas.
- Qui a besoin de savoir?
Les conducteurs devraient rester en contact avec leur répartiteur et l’informer de tous leurs arrêts, y compris les pauses, à quel moment la marchandise est livrée et à quel moment ils prennent le chemin du retour. N’oubliez pas que les coups sont parfois montés à l’interne. Alors, réservez les détails sur les trajets et les cargaisons au personnel autorisé seulement.
Le vol d’identité
Il est tard un vendredi après-midi, et vous devez trouver un intermédiaire pour transporter une cargaison et vos sous-traitants habituels ne sont pas disponibles. Vous finissez par faire affaire avec une entreprise que vous connaissez moins bien. Sur papier, elle a l’air légitime – on vous a envoyé ses renseignements officiels et son certificat d’assurance, et tout a l’air beau.
Malheureusement pour vous, il s’agit en fait de quelqu’un qui se fait passer pour une société réelle. Il prend possession de la cargaison, et puis elle « disparaît ».
Ce problème, comme le déclare M. Palmer, devient de plus en plus fréquent et les flottes doivent se tenir aux aguets. L’une des causes principales, c’est que les flottes plus petites et plus nouvelles dans l’industrie sont souvent un peu trop motivées à démontrer à tout le monde qu’elles sont légitimes, alors elles publient tous leurs documents sur leur site Web : exactement ce que recherchent les voleurs d’identité.
Mais l’entreprise dupée aurait-elle pu éviter cette situation? M. Palmer répond oui à cela, « tant que vous êtes prêt à y regarder de plus près pour vérifier qu’il s’agit bien de la bonne entreprise. » Voici quelques éléments auxquels il faut songer :
- Les documents officiels
Le certificat d’assurance provenait-il directement du courtier, ou est-ce simplement la personne au téléphone qui vous a donné les renseignements?
- S’agit-il bien de la bonne entreprise?
Avez-vous composé le numéro de la ligne principale du transporteur et demandé à parler à une personne en particulier, ou vous a-t-on simplement donné un numéro de cellulaire à appeler directement?
- Coordonnées suspectes
Le domaine de l’adresse électronique provient-il d’une entreprise, ou est-ce quelque chose de générique comme Gmail? Dans le cas de l’adresse postale, servez-vous de Google Maps pour confirmer qu’il s’agit bien d’une entreprise de camionnage ou d’une cour, et non d’une boîte postale dans un magasin quelconque.
De simples questions de ce genre vous aideront à y voir plus clair et pourraient exposer un malfaiteur assez rapidement. Mieux encore, ajoutez ces questions à une liste de contrôle pour les nouveaux sous-traitants (demandez à votre compagnie d’assurance), un peu comme une ronde d’avant départ. Une fois que cela fait partie de vos procédures normales, ce surplus de travail passera inaperçu, et cela vous épargnera sans doute bien des maux si quelqu’un tente de profiter de vous.
Tout comme la prévention des caries, il faut que celle du vol de cargaison fasse partie de votre routine quotidienne, plutôt que de réagir violemment lorsque le problème survient. En formant vos conducteurs sur les éléments à surveiller, en profitant de la technologie de gestion de flotte (comme le repérage par GPS et le géoblocage), et en étant prudent face aux nouveaux sous-traitants (ou toute nouvelle relation d’affaires), vous éviterez bien de la douleur pendant le temps des fêtes, mais aussi, toute l’année.