Une approche active pour la formation sur l’efficacité du carburant
Mark Murrell
15 avril 2017
Il y a quelques jours, quelqu’un m’a posé une question qui en a suscité une foule d’autres. La question, assez simple d’ailleurs, était au sujet de la façon dont nous bâtissons nos cours, mais cela a provoqué une discussion beaucoup plus approfondie sur la théorie de l’éducation, et sur l’apprentissage passif par rapport à l’apprentissage actif. Cela a mené à une autre discussion sur les pratiques exemplaires de la formation sur l’efficacité de carburant, et la façon dont toutes ces pièces s’agencent. Je suis certain que vous pouvez apprécier que ce fût tout un plongeon au royaume des mordus de pédagogie!
Puisque je n’ai pas encore abordé ces deux sujets dans cette chronique, j’ai décidé de vous en partager une version condensée ici. Pas de soucis, je vous épargnerai (la majorité) du jargon technophile.
L’apprentissage passif et actif
À titre de bref rappel, l’apprentissage passif consiste en une expérience dans laquelle l’étudiant est en fait le receveur du contenu, sans avoir vraiment son mot à dire sur la structure, le rythme et l’ensemble de l’expérience. Le modèle d’enseignement magistral est un bon exemple de cette approche, et bien qu’il ait été utilisé depuis des milliers d’années, l’apprentissage passif comporte des limites importantes.
L’un des principaux problèmes, c’est que les participants sont en fait des spectateurs, ils ne développent donc aucun attachement profond à la matière et finissent par faire de l’apprentissage en surface. Ces connaissances de surface peuvent être régurgitées pendant une courte période, mais elles finissent par s’estomper assez rapidement, et deviennent difficiles à appliquer à l’extérieur du contexte d’origine.
Si vous vous êtes déjà bourré le cerveau en vue d’un examen, et avez eu de la peine à vous rappeler quoi que ce soit quelques mois plus tard, c’est ça l’apprentissage en surface. C’est d’ailleurs pourquoi les vidéos de sécurité traditionnelles ont une efficacité bien limitée – ce sont des expériences passives. Les conducteurs effleurent la surface du contenu, et bien qu’ils soient en mesure de réussir un examen par la suite, ces connaissances s’oublient rapidement.
L’apprentissage actif, quant à lui, s’attend à ce que l’étudiant soit un participant direct à l’expérience, et non seulement prêt à recevoir le contenu selon la méthode d’enseignement, mais qu’il soit en mesure de prendre des décisions sur le processus et une certaine responsabilité sur le résultat. Il s’agit d’une approche plus récente, et plus complexe à concevoir et à bâtir (peu importe la méthode d’enseignement), mais c’est beaucoup plus efficace.
L’apprentissage actif et l’efficacité du carburant
Puisque l’apprenant participe activement à l’expérience, il absorbe le contenu plus profondément, et développe une compréhension qui lui permet de l’appliquer à différents contextes. Dans l’univers de la formation sur la sécurité, cela est essentiel puisqu’on veut que l’étudiant forge une connexion intime avec la matière et qu’il démontre cette connexion tous les jours au travail.
D’ailleurs, presque toute la formation à l’intention des conducteurs bénéficierait grandement d’une approche d’apprentissage actif. La nature de l’emploi est telle que les conducteurs sont confrontés à une foule de situations, dans lesquelles ils doivent pouvoir appliquer leur formation et prendre des décisions sur la façon de la transposer le mieux possible à la réalité.
La formation sur l’efficacité du carburant en est un excellent exemple.
Pour améliorer leur efficacité énergétique, les conducteurs doivent comprendre les petits éléments qui font une grande différence, adapter leur comportement de conduite pour maximiser les effets positifs de tous ces petits éléments, puis les pratiquer consciemment pour qu’ils deviennent seconde nature. Une expérience d’apprentissage passif ne mènera pas aux résultats désirés, car cela ne tisse pas les liens personnels nécessaires; en outre, cette méthode ne s’imprègne pas assez longtemps pour aider à former de nouvelles habitudes. Une expérience d’apprentissage actif est requise.
Voici certaines choses que les flottes font à ce sujet et qui semblent vraiment bien fonctionner :
- Rendre une composante pédagogique active en incluant des exercices et en contrastant des études de cas, pour que les conducteurs puissent établir une connexion personnelle avec le contenu. (Nous faisons cela dans notre cours sur l’efficacité du carburant, en employant des personnages, « bons » et « mauvais », qui démontrent que les petits éléments s’accumulent.)
- Compléter la partie théorique avec une partie pratique pour que les conducteurs aient l’occasion d’appliquer ces nouvelles connaissances avec les conseils d’un coach expert. En plus de fournir une occasion de discussion sur la matière, le coach peut aussi souligner certaines subtilités qui pourraient échapper aux conducteurs.
- Passer les résultats en revue régulièrement et faites le suivi de l’efficacité énergétique. Demander aux chauffeurs de s’autoévaluer pour savoir ce qu’ils pensent de leur amélioration, puis comparer avec les chiffres réels pour voir s’il y a une divergence.
- Répéter l’étape de coaching périodiquement pour tous les conducteurs, et plus fréquemment pour ceux qui éprouvent de la difficulté. Bien que le coaching initial serve à aider les camionneurs à transposer le contenu pédagogique à la vie réelle, les expériences subséquentes devraient être davantage axées sur le développement d’une conscience active des gestes qu’ils posent et de l’effet de ces gestes sur leur efficacité énergétique.
- Créer des concours et offrir des récompenses pour la meilleure efficacité de carburant, en reconnaissant ceux et celles qui performent le mieux et en incitant les autres à atteindre ces objectifs.
Peu de flottes mettent en œuvre toutes ces tactiques, mais il est très fréquent de voir la formation et le coaching ensemble, puis une ou deux des suggestions ci-dessus. Chaque flotte doit trouver l’équilibre qui correspond à sa culture d’entreprise, mais les programmes qui réussissent sont tous axés sur la motivation et la participation des conducteurs au processus d’amélioration continue. Ce type d’engagement exige que les chauffeurs jouent un rôle direct dans l’expérience d’apprentissage, et c’est pourquoi l’apprentissage actif est tellement plus efficace à long terme.
Bien sûr, c’est beaucoup plus de travail qu’un simple cours magistral, puis de laisser les conducteurs à eux-mêmes, mais cela donne de bien meilleurs résultats, alors l’effort en vaut vraiment la peine.
Voilà la version (relativement) simple et directe. Bien entendu, si vous voulez la version technophile, je serai heureux de vous en faire part!